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La mobilité résidentielle extrarégionale des franciliens

Dans son dernier article de son blog, Olivier Razemon nous parle d' "exode des parisiens" en citant l'attractivité des villes moyennes de province. Il indique que le phénomène de mobilité est amplifié par la crise sanitaire et la fermeture des lieux culturels n'est pas récent et évoque ces franciliens qui déménagent hors Paris :

"Fringants, souriants, les ex-« Parisiens » (en fait des Franciliens), essentiellement des cadres et professions intellectuelles, s’installent dans des villes « à taille humaine » où ils font revivre les commerces de proximité [...].

Qui sont ces « parisiens » qui quittent la région parisienne ? S’il est difficile à ce jour de mesurer le phénomène lié au COVID, à part en suivant les traces mobiles ou GPS des téléphones portables, on peut observer grâce aux données du recensement fournies par l’INSEE les caractéristiques des individus qui ont déménagé de la Région Parisienne et se sont installés en province en 2017.

On dispose de l'information du lieu de résidence actuel des individus et celui un an auparavant. On peut donc s'en servir pour étudier les flux résidentiels à un niveau pouvant aller jusque la commune. Une précaution toutefois : on peut estimer le nombre de résidents en France qui habitaient à l'étranger auparavant, mais le fichier ne permet pas d'avoir le flux inverse : ceux qui n'habitent plus en France.

Ainsi, analyser les équilibres de flux et comparer les entrants et les sortants ne peut se faire qu'en excluant les personnes qui arrivent de l'étranger.

Or ces flux sont très loin d'être négligeables : sur le total France (incluant les DOM), 22% des personnes qui ont emménagé depuis ailleurs que leur région actuelle proviennent de l'étranger. Ce taux est de 37% en Ile-de-France, loin devant Grand-Est (29%), AURA (25%) suivis de PACA et Hauts-de-France (20%). Le fichier ne donne pas la nationalité des individus mais on connait leur lieu de naissance (au niveau départemental en France ou bien à l'étranger, sans distinction de pays). On observe que 70% des personnes s'installant en France depuis l'étranger sont nées à l'étranger, le taux pour l'Ile-de-France est proche de cette moyenne (67%).

Ces données ne donnent donc pas le flux inverse, et notamment on ne dispose pas de l'information de savoir si ces flux sont globalement équilibrés et ce qu'il en est par région. Cependant, l'INSEE traite de ce sujet sur son site :

"Les sorties d’immigrés sont relativement modestes au regard de leurs entrées. En moyenne, quatre immigrés entrent sur le territoire lorsqu’un en sort.

Dans la suite de l'analyse, on exclut donc les flux depuis l'étranger, faute de données dans la base sur le sens inverse. On gardera à l'esprit que ces flux ne sont pas équilibrés et donc, notamment en Ile-de-France, les flux entrants depuis l'étranger sont supérieurs à ceux qui déménagent vers l'étranger.

Dans la suite de l'analyse, on exclut donc les flux depuis l'étranger, faute de données dans la base sur le sens inverse. On gardera à l'esprit que ces flux ne sont pas équilibrés et donc, notamment en Ile-de-France, les flux entrants depuis l'étranger sont supérieurs à ceux qui déménagent vers l'étranger.

En travaillant donc exclusivement sur les échanges résidentielles entre régions françaises (incluant Corse et DTOM), on dispose d'une matrice carrée non symétrique de flux entre régions. Le total de ces flux atteint 1,03 millions de personnes, soit 1,6% de la population résidant en France.

On caractérise alors le taux de mobilité résidentielles extrarégionale (mais interne France) au niveau de chaque région en comparant le volume entrant depuis d'autres régions à la population à date de la région, de même le flux sortant.

Certains régions ont donc des flux équilibrés (Paca, Normandie, Bourgogne-Franche Comté, Centre Val-de-Loire), d'autres ont un solde positif (Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Pays-de-la-Loire, Bretagne et dans une moindre mesure Auvergne-Rhône-Alpes) tandis que l'Ile-de-France, Hauts-de-France et Grand-Est on un solde négatif. Notamment en Ile-de-France, le différentiel est très prononcé.

Quels sont les flux entre l'Ile-de-France et les autres régions ? En rapportant les volumes à la population des régions d'origine ou de destination, on définit une intensité de mobilité (on rapport le flux à la population de la zone d'échange et non à celle de la zone étudiée, contrairement à la notion de taux de mobilité ci-dessus).

L'intensité d'échange de l'Ile-de-France est donc plus forte vers la région Centre-Val-de-Loire qu'envers les autres régions, quel que soit le sens. Globalement, le solde est négatif pour toutes les régions, avec un différentiel important pour la Nouvelle-Aquitaine, qui est aussi la région où les flux sont les plus élevés en valeur absolue, ainsi que pour les Pays de la Loire.

Ce taux de mobilité résidentielle des franciliens peut être décliné suivant les caractéristiques des individus ou de leur ménage. Une première analyse consiste à regarder l'activité, en prenant la personne de référence (ce qui permet notamment de bien séparer les élèves - étudiants qui déménagent en famille des étudiants qui ont quitté le foyer familial). Les flux entrants et sortants sont comparés à la population francilienne par activité.

La mobilité est très supérieure pour les étudiants par rapport aux autres catégories, avec un taux d'arrivée 10 fois supérieure à la moyenne.

L'analyse de taux de mobilité par CSP montre que l'écart par sens est plus élevé parmi les retraités, les ouvriers et les indépendants que parmi les cadres. Ainsi, on ne peut pas véritablement parler de fuite des cadres et professions intellectuelles.

En solde et en valeur absolue, les retraités sont la principale catégorie d'individus a quitter la région parisienne (-25 000 retraités par an) alors que les cadres ne sont que 10 000 de moins, moins que les professions intermédiaires (-18 000), les employés (-14 500) ou les ouvriers (-13 500).

La composition du ménage constitue un autre axe d'analyse. On parle ici du mode de cohabitation après le déménagement. Les personnes vivant hors ménage incluent les étudiants en résidence universitaire. Les personnes "hors famille dans ménage de plusieurs personnes" incluent les personnes vivant en collocation.

On constate alors que le taux de mobilité est nettement plus faible pour les familles avec enfants que pour les autres types de ménage.

Le taux de mobilité est bien plus faible chez les propriétaires de leur logement et les locataires de logement HLM que parmi les locataires du privé. Les autres statuts d'occupation (gratuit, meublé) ont des taux plus élevés, et correspondent pour l'essentiel aux logements occupés par les étudiants.

Enfin, on peut aussi analyser ces taux de mobilité par mode de transport déclaré pour aller au travail (cela ne concerne donc que les actifs en emploi), dans leur région actuelle. Il ne s'agit pas ici de comparer par sens (l'offre de transport est très différente entre province et Ile-de-France).

Dans le sens entrant, le taux de mobilité résidentielle est supérieur parmi les voyageurs en transport en commun. Dans ce sens la, on peut bien comparer la part modale des nouveaux arrivant à celle des personnes déjà installées. Ainsi le vélo représente 2.2% du mode principal pour aller au travail parmi les actifs déjà installés en région parisienne et 2,4% parmi les nouveaux arrivants alors que pour la voiture, on est à 42% pour les anciens résidents et 28.5% seulement chez les nouveaux arrivants, à l'inverse des transports en commun où ces taux sont respectivement de 45% et 57%.

En conclusion, les personnes qui quittent la région parisienne (en 2017) ne sont pas que des cadres supérieurs qui passent au télétravail dans les villes de province. La métropole capitale est en réalité un lieu de brassage permanent qui renouvelle sa population par les échanges migratoires avec notamment des étudiants qui constituent une part significative de ces flux.

"La cherté des logements et la galère des transports se montraient déjà aussi efficaces que le coronavirus

Ainsi, concernant les actifs, on observe un phénomène d'accroissement de la demande de mobilité en transport collectif lié aux flux migratoires (hors étrangers) alors même que le solde général est négatif : +21 000 actifs se rendant au travail en transport collectifs et -31 000 en voiture. Si galère des transports il y a, force est de constater que les transports collectifs franciliens gagnent des parts de marché sur la voiture.

Les motivations pour déménager ne peuvent se trouver dans ces données de l'INSEE et requièrent effectivement des études approfondies et des analyses adéquates, tenant compte des relations qui existent entre les différentes variables. Le positionnement dans le cycle de vie, la cadre de vie en général, les relations familiales entrent aussi en compte.

Côté technique
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