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Changer notre mobilité : raisonner ou rationner ?

Le futur de la mobilité en question

Deux études totalement indépendantes interrogent les changements de comportement de mobilité à l'aune des impératifs environnementaux qui s'imposent à nous face aux effets en cours et à venir du réchauffement climatique. Le futur de la planète doit-il reposer sur la bonne volonté de chacun ou passera-t-il par un système nettement plus contraignant ?

La première étude, produite par l'ADEME en partenariat avec l'IFSTTAR, a pour titre "Favoriser le report modal pour améliorer la qualité de l'air". Un rapport de 74p et une synthèse de 14p sont téléchargeables gratuitement sur le site de l'ADEME (lien).

La seconde étude est un mémoire de Master de l'Université de Paris missionnée par le Forum Vies Mobiles et s'intitule "Une carte carbone dédiée aux déplacements : est-ce possible, juste, souhaitable?". Sur le site du Forum Vies Mobiles (lien) où on peut télécharger le mémoire de 41p, le sujet a un titre légèrement différent et davantage évocateur : "Rationner les déplacements carbonés : une alternative d'avenir à la taxe carbone ?".

Alors que l'étude ADEME discute des méthodes de communication les plus efficaces pour favoriser le report modal de la voiture vers le vélo, le covoiturage et les transports en commun, l'étude de l'Université de Paris étudie la faisabilité et l'impact d'une carte de rationnement de mobilité donnant dans le futur à chacun des crédits de mobilité, avec des quotas de plus en plus contraignant avec le temps. Cette proposition vise autant les trajets de courte distance que ceux de longue distance (en visant particulièrement le mode aérien et les déplacements professionnels).

Deux futurs pour notre mobilité

Au-delà des forces et faiblesses de chacune des études citées ci-dessus, c'est l'évocation du futur de la mobilité qui amène à débat. Il n'est pas question ici de les comparer directement : l'une traite des déplacements urbains actuels et cherche à identifier, en s'appuyant sur des enquêtes et des expériences, les éléments de discours les plus efficaces pour inciter au report modal, l'autre des déplacements globaux pour le moyen terme et consiste d'abord à un exercice de prospective.

Quels arguments sont les plus efficaces ?

L'étude ADEME postule que l'on peut continuer avec la liberté de se déplacer autant et comme on le souhaite, à charge à la collectivité de convaincre les citoyens d'adopter des modes de déplacements bas carbone. On notera que la méthodologie emprunte au domaine des études de santé (notamment concernant les effets de cadrage) et que les sujets de mobilité et de santé se rejoignent. L'une des conclusions de l'étude est qu'il est plus efficace de parler aux gens de leur santé d'aujourd'hui et que de l'état de la planète dans 20 ans d'une part et de convaincre avec des éléments narratifs ("Augmenter la qualité de l'air permet à Dominique d'être en meilleurs santé") plutôt que des éléments statistiques ("Augmenter la qualité de l'air permet d'améliorer le système respiratoire dans 90% des cas").

On retrouve ici des problématiques rencontrées pour la vaccination contre le COVID : se protéger soi et protéger les autres ainsi que la faible capacité des chiffres objectifs à convaincre une partie de la population.

Rationnement : la fin d'un tabou ?

La seconde étude nous place dans une hypothèse où la mobilité devient contrainte avec un système de crédits de mobilité. L'étude suggère une méthode d'allocation de quota, en distinguant les individus et les entreprises.

Le déploiement du dispositif serait très progressif (d'abord une période blanche, puis certaines cibles concernées au fil des années). En revanche, il est bien prévu une dégressivité des quotas pour induire les changements de comportements et tenir les objectifs de réduction d'émissions de CO2.

Pour les individus, les quotas sont alloués au ménage en fonction de sa taille (1 part par adulte, 1/2 part par enfant mineur, les enfants majeurs du ménage étant rendus "autonomes" et gèrent leur part indépendamment) et du lieu de résidence (un coefficient allant de 1 à 2 en fonction (inverse) de la densité urbaine : les résidents des zones peu denses ont donc plus de crédits que les urbains). Un système au statut (étudiant, demandeur d'emploi, PMR...) est aussi proposé.

Pour les entreprises (notamment les plus grosses), le quota est établi sur la base d'un Bilan Carbone et ramené au nombre d'employés (un nouvel emploi donne alors droit à un supplément de crédits).

Les déplacements domicile-travail sont pris sur le crédit de l'employeur avec un plafond de 40 km aller-retour, seuil au-delà duquel les crédits utilisés sont ceux de l'employé.

L'étude étudie ensuite la problématique de régulation des quotas en proposant un marché d'achat / vente de quotas à valeur fixée par le régulateur, avec un niveau plafond d'achat suggéré à 5 fois le montant initialement alloué.

L'allocation de base est déterminée en fonction des objectifs (et leur niveau d'atteinte) de tonnes de CO2 qui, par rapport à 2020, doivent être réduite de 40% en 2030 et 97% en 2050. Autant dire que les quotas vont très fortement se réduire, suivant une trajectoire à définir (linéaire, par paliers, fonction puissance...).

L'étude présente quelques profils types avec des comportements de mobilité actuels et explicite pour chacun les changements de mobilités nécessaires pour ne pas dépasser les quotas alloués.

Deux systèmes appelés à se succéder ?

Les deux études donnent à voir deux systèmes du futur qui ne sont pas sans rappeler notre expérience durant la crise sanitaire :

  • un système basé sur la liberté en persuadant d'adopter des comportements de mobilité vertueux
  • un système basé sur le rationnement, en imposant des contraintes sur les libertés de déplacement de plus en plus forte. D'aucuns qualifieraient cette démarche d' "écologie punitive".... a minima !

Les périodes de confinement vécues ont quelque part montré que c'était possible, du moins sur une période pas trop longue, et que, jusque à un certain point, les individus et les acteurs économiques ont pu s'adapter, mais au prix d'un fort soutien économique de la part de l'Etat.

Après les évocations de "dictature sanitaire" de la part des opposants à la stratégie du Gouvernement, il est fort à craindre qu'un rationnement du carbone ne soit affublé d'un titre similaire, voire pire.

Raisonner ou Rationner : est-ce l'unique alternative pour remplir nos objectifs de réduction des émissions de CO2 ?

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